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LE CD ALBUM DES DÉBARQUÉS : TITRE 11
Pourquoi le choix de cette chanson pour clore le CD ? Je n’en sais rien et je ne leur ai pas demandé. Je présente comme toutes les autres la dernière chanson avec quelques impressions personnelles qui n’engagent que moi, critique amateur mais aussi copain du groupe qui voulait quand même leur faire une belle promotion. Cela ne m’a pas empêché parfois de poser quelques questions techniques pour dissiper quelques incertitudes quant par exemple il s’agissait de savoir si dans tel ou tel morceau était utilisé le oud ou le bouzouki.
Nous attendrons leur interview pour qu’ils puissent nous livrer leurs ressentis sur leur "bébé musical" et peut-être quelques anecdotes inédites. Ce sera fait dans les prochains jours en exclusivité mondiale...
(auteur 177 419, pixabay , CC0 domaine public)
Le dernier titre est donc l’ANKOU MARIN.
Il n’y a donc pas que l’Ankou à la Charette dont j’avais entendu parler qui ne représente pas la mort en elle-même, mais son serviteur : son rôle est de collecter dans sa charrette grinçante (karr / karrik an Ankoù, char de l'Ankou ou karrigell, brouette), sur Terre, les âmes des défunts récents. « L'Ankou (en breton an Ankoù) est en effet la personnification de la mort en Basse-Bretagne, son serviteur (obererour ar maro). C'est un personnage de premier plan dans la mythologie de cette région, revenant souvent dans la tradition orale et les contes bretons. » (source Wikipédia). Chacun pourra comme moi en découvrir les détails très fournis dans les livres ou sur le net pourvu qu’il en ait envie.
Le mythe de l’Ankou a donné lieu à de nombreuses histoires et légendes et a inspiré nombre de poètes, compositeurs et musiciens. Pour rester dans le domaine musical on peut citer Tri Yann (Hanter dro macabre), Dan Grall (L’ankou des marins), Kalffa ( La Déferlante – Paroles : David Chaumont et Idaline Lopes / Musique : Ludovic Dagobert) et Melissmell dont elle a fait le titre de son 3ème album studio.
Et bien sûr Michel Tonnerre et son ANKOU marin, lui aussi serviteur de la mort avec donc cette particularité que c’est un bateau, « Le Bateau de la Nuit », nommé Bag Noz en breton qui transporte les morts mais aussi attire les navires vers les écueils où ils s’abiment faisant leur lot de cadavres et d’âmes que l’Ankou récupère. La légende dit que l’Ankou marin ne fait son service qu’une année pour laisser la place au premier noyé de l’année suivante pour aller se reposer éternellement. Il faut dire que la tâche est rude que d’emmener tous ces trépassés de la baie du même nom où les écueils affleurent et font leur œuvre destructrice de vies.
(La baie des Trépassés* vue depuis la pointe du Raz. auteur Vassil, Domaine public)
Pour le fun, j’ai recherché où l’Ankou pouvait bien mener tous ces morts. Il parait qu’il son domaine dans les monts d'Arrée, où régnant en maître, les âmes des trépassés dépendent entièrement de lui ; celles-ci fréquentent les marais, les gorges de rivières, les recoins obscurs . Le Yeun Elez et en particulier les zones de tourbières du Youdig, seraient une des portes de l'Enfer, où les trépassés et les conjurés seraient amenés...
(Brumes sur le Yeun Elez au lever du soleil, auteur Moreau henri, CC BY-SA 3.0)
Ceci dit pour éclairer un peu les paroles de la chanson qui est un petit bijou qui contient tous les détails ciselés de la légende.
Pas follement gaie, cette chanson de Michel Tonnerre... tout au moins au niveau des paroles. Pour ma part je note une belle symbiose des voix et instruments, guitares, accordéon pour une musique bien rythmée, entrainante comme le bateau de l’Ankou qui jamais ne peut-être rejoint sauf dans la mort. A remarquer que pour marquer le rythme infernal de l’inexorable attirance - enfin c’est ce que je suppose - Patrick utilise ici le « cajón *», sorte de caisse de résonance.
Il nous fait découvrir donc un autre instrument. Dans le CD, il parait qu' on l'entend jouer de plusieurs instruments à la fois. Il faut dire qu'il jongle entre le bouzouki, l'oud, le violon et parfois même la guitare... C’est le miracle du mixage en studio... m’a-t-on dit .. à moins qu’il ne soit aidé par quelques unes ces âmes errantes que l’Ankou aurait laissé échapper. Va savoir... Mais je ne veux dire trop de bêtises. Qui sait...L’Ankou me guette peut-être...
Mais redevenons sérieux pour écouter l’extrait qui témoigne de croyances dont je ne veux pas me moquer car elles accompagnaient de vrais drames pour ceux qui affrontaient les flots et leurs proches qui les attendaient...
Paroles et musique de Michel Tonnerre.
Les légendes bretonnes nous parlent de l'Ankou, non comme le diable, mais comme le serviteur qui ramasse les morts, dans la version terrestre on entend le bruit de sa charrette. Michel Tonnerre voit plus la version "marine" où l'Ankou à bord de son navire récolte sa "moisson de corps flottants entre deux eaux"........L'Ankou marin
Tu te confonds dans le ciel noir
Ta main crispe le gouvernail
Tu es l'Ankou dans ma mémoire
Le prince noir de Cornouailles (bis)
Sur les hauts fonds et les écueils
Tu portes la mort et le deuil
Ta moisson n'est pas terminée
Le St Clément vient de couler (bis)
(Michel Tonnerre, 2010, auteur barbetorte,CC BY-SA 3.0)
Refrain:
Tu es le vieil Ankou marin
Ton navire n'est ni près ni loin
Nul n'a jamais pu l'aborder
Près de la baie des trépassés,
Près de la baie des trépassés
(La Baie des Trépassés en 1899 (photographie de Louis Rousselet, Domaine public)
Ton bateau navigue sans sillage
Tu n'as pas besoin d'équipage
Tu vas contre vents et marées
Toi premier noyé de l'année
Sur les vagues échevelées
Tu files ta route d'enfer
Montrant aux cœurs qui ont souffert
La plus juste idée du péché
Refrain
Tu mènes ta moisson bénie
De corps flottants entre deux eaux
Tu les prendras sur ton bateau
Dont ils ne verront que la quille
Le mortel baiser de Morgan
Frappe les marins les plus forts
Et tandis que la terre s'éloigne
Tu mènes la barque des morts
Refrain
* La baie des TRÉPASSÉS : Un blog à visiter
http://lieuxsacres.canalblog.com/archives/2016/06/27/34020389.html
** cajón: C’est un instrument de musique inventé au Pérou au XVIIIe siècle. Il fut très certainement à ses débuts une caisse destinée à la cueillette des fruits ou à la pêche des poissons, les esclaves n'ayant pas accès à autre chose que les matériaux rustiques. Le cajón actuel possède généralement un élément de plus, le timbre, qui rend le son proche de celui d'une caisse claire de batterie. On joue du cajón en étant assis dessus...avec les pieds et les mains.
Le cajón actuel
vu de devant vu de derrière ( Tithouan sur Wikipedia français — Transféré de fr.wikipedia à Commons par Bloody-libu utilisant CommonsHelper)
Tags : ankou, baie des Trépassés, marins, pêcheurs, breton, légendes, Michel Tonnerre, cajón
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